france antille en cargo

lundi 18 mai 2015, 11:12

France - Antilles à bord d'un porte-conteneurs!
Maryvonne Dejeammes! !

J'ai voulu avoir l'expérience d'une traversée de l'Atlantique. C'était en février-mars 2015. Faute de la faire à la voile, bien m'a pris d'opter pour un cargo accueillant quelques passagers sur la route des Antilles. J'ai donc embarqué à Saint-Nazaire sur le porte-conteneurs Fort St Louis de la CMA-CGM. Premiers contacts d'une grande convivialité. Le commandant et son second (je souligne que c'était Marina, vive les femmes !) ont joué l'ouverture à fond, sans restriction d'accès à la passerelle. Les membres d'équipage français et philippins étaient souriants et disponibles pour répondre aux interrogations des curieux comme moi. Les cabines des passagers sont généreuses et bien équipées, et les repas pris dans la salle des officiers de bonne qualité.!
Le départ a été retardé de 24h par le mauvais temps. Vu les conditions de vent de force 9 et forte houle de 7m (bien réelle car donnée par satellite), interdiction de sortir pour l'équipage et les passagers. Habituée des croisières à la voile, j'ai été surprise le premier jour par la lenteur du roulis (pourtant assez sensible sur le Fort Saint-Louis selon le commandant), et du tangage. Il fallait tout de même se tenir ! !
Malgré la vitesse de 20 noeuds, le voyage est synonyme de lenteur. On peut se laisser aller à la contemplation mais les occupations ne manquent pas si on le souhaite. De la passerelle on domine la mer à 26 mètres environ du niveau de l'eau, on scrute l'horizon et on peut suivre la route et la veille des officiers. Les manoeuvres d'entrée et sortie de ports se sont déroulées de nuit ou au lever du jour et nous impressionnent vu la masse du bâtiment à maîtriser ; on comprend la
nécessité des pilotes de port. On peut arpenter les coursives de la proue à la poupe, 400 mètres aller-retour pour l'exercice ; on croise alors les matelots occupés aux divers travaux d'entretien qui sont faits en mer. Et on se rend alors compte de ce que représente une vitesse de 20 noeuds sur la grande bleue. De plus, chaque jour est rythmé par le lancement d'une sonde pour Météo France qui récupère les mesures de pression, température, hygrométrie en altitude ainsi que la nature des nuages et l'état de la mer observés à bord régulièrement. Plaisir d'admirer les éclairages à travers les nuages, aux levers et couchers de soleil. On a croisé un peu plus de bateaux lorsqu'on est passé à quelques milles de l'ile San Miguel des Açores. Et la veille de l'arrivée en Guadeloupe, sont apparus les poissons volants et des bancs d'algues.!
La visite de la salle des machines est impressionnante par les dimensions du moteur et du mécanisme du gouvernail, et par les moyens de maintenance et de réparation: un changement de bielle ou de piston peut être effectué en 24h, tout en naviguant à vitesse un peu réduite. De plus, quatre groupes électrogènes et alternateurs permettent la réfrigération des conteneurs qui transportent de l'alimentation embarquée en France et des bananes au retour.!
Autrement, j'ai pu profiter d'une bibliothèque bien fournie, même si j'avais prévu mes propres ressources, visionner des DVD avec mes acolytes. Un couple de lillois faisait son troisième voyage sur cargo, sans autre expérience de navigation mais pour découvrir le monde en « prenant le temps ». Les deux autres étaient des « voileux » suisses amis d'enfance, ayant déjà traversé à la voile. C'était leur première découverte du cargo, comme pour moi. J'ai aussi fait un peu d'exercice au « gymnasium » disposant de vélo, rameur et table de ping-pong. Quant à la petite piscine, elle n'a été mise en eau qu'à la veille de l'arrivée mais à température déjà agréable puisque fournie par le désalinisateur.!
Bref, expérience riche dont je reviens ravie, même si mon séjour en Martinique a été écourté d'une journée. Les passagers de cargos sont prévenus à l'avance, la mer et les contraintes de manutentions décident. Et il faut réserver à l'avance, vu le faible nombre de places.!